Huilerie l’Arôme des Champs : Des sols à tournesols
Le tournesol, cette plante qu’on associe à Vincent Van Gogh et au climat méditerranéen, origine pourtant de l’Amérique du Nord, et pousse admirablement bien sur les terres légères, caillouteuses et bien drainées de la ferme l’Arôme des Champs, à Bromont, en terre d’Amérique!
Entre les mains du quatuor formé de Joany Brodeur et Martin Vallée, aidés de la mère et du beau-père de Joany, Johanne Brodeur et Pierre Verly, les inflorescences de cette plante d’un peu moins de deux mètres de hauteur récoltés à la mi-septembre révèlent tout le terroir bromontois du chemin Pierre-Laporte, aux abords de l’autoroute 10 – un avantage concurrentiel indéniable quand on vend à la ferme.
Photo: Pierre Dunnigan
Actifs depuis 25 ans en production biologique de maïs, soya et céréales livrés à la tonne dans des camions semi-remorque, Pierre et Johanne désiraient se rapprocher des consommateurs, révèle Joany, qui aspirait revenir dans son patelin après un cumul de cinq certificats dans trois universités et un début de carrière en Outaouais à soutenir le mentorat d’affaires et l’entrepreneuriat. C’est aujourd’hui son projet qu’elle chouchoute, non sans l’aide de Martin, informaticien de profession né dans la plaine montérégienne d’un père entrepreneur en mécanique agricole. On peut sortir le gars du tracteur, mais pas le tracteur du gars!
Même chose pour la fille : Joany, pendant deux ans, a produit des paniers de légumes biologiques avant de s’éloigner de la ferme pour mieux y revenir, cinq ans et deux bébés plus tard! L’opportunité était trop belle : la division huilerie du Moulin des Cèdres de la famille Dewavrin, pionnière au Québec dans la culture du tournesol, était mûre pour changer de main. Les Brodeur-Vallée-Verly ont donc cultivé et transformé du tournesol pour la première fois en 2019, une expérience concluante malgré les défis de produire en mode biologique : voir le tiers de sa récolte être pillée par les oiseaux, contrôler les mauvaises herbes par le sarclage mécanique et gérer la sclérotiniose, une maladie fongique qu’on évite en ne cultivant pas de tournesol dans un même champ plus d’une fois aux cinq ans, voire plus.
OK, l’agronome, et l’huile s’il-vous-plait? Les grains, qui recèlent un impressionnant 35 % de gras, sont triturés à longueur d’année pour plus de fraicheur. Pressée à froid à moins de 40 °C, l’huile est ensuite décantée de manière naturelle pendant deux semaines avant d’être stockée et embouteillée pour préserver sa richesse en vitamine E et en acide gras oléique oméga-9, un gras monoinsaturé qui fait plaisir aux artères. Sa couleur d’un jaune délicat, son léger goût de tournesol et sa composition lipidique la font reine pour la cuisson, les vinaigrettes, les marinades et mêmes les pains et les pâtisseries, assure Joany.
Bien que la boutique à la ferme ne soit pas ouverte au public pendant la pandémie, une visite sur leur boutique en ligne s’impose. En effet, l’entreprise membre de la Coop Agrobio du Québec distribue aussi grains, farines, flocons et pois issus de l’agriculture durable. Passez y faire un tour dans la première quinzaine du mois d’août pour le plus végétal des égoportraits lors de la floraison spectaculaire des grandes corolles jaunes.
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