De la villégiature à la viticulture, ils ont eu la piqure!
Changer de vie pour cultiver son petit bonheur? Félix Duranceau et Julie Bouchard ont quitté Montréal pour prendre la relève d’un vignoble – connaissances viti-vinicoles non comprises!
Ça grouille! Officiellement, le Domaine du P’tit Bonheur – c’est l’ancien Vignoble La Grenouille en vente depuis quelques années – ouvre le 21 mai 2022. Félix et Julie, les valeureux repreneurs, s’activent, partenaires dans la vie comme en affaires. Léo et Estelle, leurs mousses, vivent aussi au rythme des poules, des avertissements de gel printanier, des arrachages de ceps fatiguées faisant place à de nouveaux plus productifs, cépages rustiques pour l’instant – ça viendra peut-être, les Vitis vinifera européens!
La vie familiale a basculé en janvier 2021, quand l’offre d’achat a été déposée. Mai 2021, la transaction était conclue… à temps pour l’éveil printanier! « Julie en rêvait plus que moi », avoue Félix, qui a épousé le mode de vie. Montréalais, le trentenaire venait skier à Sutton, qu’on voit aisément du chemin Plouffe, là où s’implante la nouvelle parcelle de 2,5 hectares en transition biologique. Gestionnaire événementiel, Félix s’est acheté un nouveau projet. Julie, originaire du Lac-Saint-Jean et enseignante en psychologie au collégial, a tout plaqué pour la campagne. Adieu duplex dans Hochelaga, chalet dans Lanaudière!
Du champ au chai
Ces vignerons en herbe sont peut-être bien verts, mais ils sont débrouillards, ouverts d’esprit et ils s’entourent d’un agronome en champ, d’un œnologue en chai. S’ils doutent d’un conseil, ils appellent des vignerons, une communauté tissée serrée.
Mieux, le couple a rencontré par amis interposés Marc Grau, maître de chai au Vignoble de l’Orpailleur pendant presque 30 ans, devenu leur mentor. « Julie et Félix sont de la nouvelle vague des vins nature, avec moins d’intrants, dans une quête de pureté », mentionne celui qui a participé aux assemblages pour élaborer un premier millésime, 2021. La philosophie est simple : des vins non filtrés, non collés, troubles, secs, axés sur le fruit. « Ils ont un côté rafraichissant, poursuit Marc. Ils participent au renouveau du vin québécois en apportant une autre image du terroir, pour des vins typés en petits lots recherchés par des sommeliers et des consommateurs friands de cette approche intimiste. Et même s’ils sont passionnés, ils ont un plan d’affaires : ce ne sont pas des rêveurs, des poètes! »
D’un Félix à l’autre
Parlant de poète, qu’évoquent Les Lucioles (rouge, Maréchal Foch, Petite Perle), La Fête (effervescent, Vidal, Geisenheim) et L’hymne au printemps (rosé, Vidal, Petite Perle), sinon le nom du vignoble, Le P’tit Bonheur et le prénom du vigneron, Félix? « Quand mon grand-père a émigré de l’Algérie à la France en 1962, sa seule possession dans sa valise, c’était trois vinyles de Félix Leclerc », révèle Félix, qui voit un parallèle entre la dureté de l’accueil du public québécois, aussi bien pour l’artiste qui a d’abord dû percer en France que pour le vin qui a dû s’affirmer ici. Paraitrait que le fils du chansonnier, le réalisateur Francis Leclerc, résident de Brome-Missisquoi qui a planté lui aussi des vignes avec sa conjointe Marie-Claude Beaulieu, aurait donné sa bénédiction à ce sympathique clin d’œil.
Ce qui est aussi très sympathique, c’est d’acheter directement au domaine – ce fut le cas pour 27 % des ventes de vin au Québec en 2021. Une manière de connecter avec les vignerons et de vivre l’instant présent – les chaises Adirondack appelant à « végéter » sur le lieu. Après tout, il s’agit bien d’une ferme « végétale »!
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