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Agnès de Salm-Salm, une vraie princesse aventurière de Brome-Missisquoi

La princesse Agnès de Salm-Salm (1840-1912) a été une femme indépendante et téméraire, comme artiste saltimbanque, comédienne, et surtout princesse se tenant proche des champs de bataille et loin des salons princiers. Comme une aventurière, elle a traversé la guerre de Sécession américaine, la Révolution du Mexique et enfin le conflit franco-prussien, le tout entre 1862 et 1871. Elle deviendra une des plus recherchées princesse d’Europe, rédigeant sa propre biographie en 1875 «Ten years of my Life» sous le nom d’Agnès de Salm-Salm.

Cette étrange aventure commence en décembre 1841, à Saint-Armand Ouest du comté de Missisquoi, où est née Élizabeth Agnès Winona Joy. Abénaquise par sa mère, la jeune métisse montre un caractère bien trempé. Aventurière dans l’âme, elle quitte la maison familiale adolescente pour s’engager comme artiste équestre dans un cirque ambulant vers 1857. Après plusieurs étapes américaines, le cirque débarque à Washington où elle commence un numéro de funambule vertigineux, qui lui offre une célébrité très médiatique. En 1861, elle prend un nom de scène à résonance française, Agnès Leclercq.

Vedette théâtrale à New-York pour un avenir de vraie princesse

Vedette incontournable à Washington, Agnès Leclercq participe à l’effervescence patriotique autour de la nouvelle guerre civile américaine (1861-1865), écrivant dans ses mémoires, «L’enthousiasme militaire était à son paroxysme à Washington. Les femmes bien sûr n’échappaient pas à cette épidémie; en fait, elles étaient plus excitées que les hommes et, ne pouvant s’enrôler, elles consacraient la meilleure d’elles-mêmes à encourager les héros. Les civils n’avaient alors pas beaucoup de chances auprès d’elles. Apollon lui-même serait passé inaperçu s’il n’avait pas porté de galons».

Mais le prestige de l’uniforme devient le piège de Cupidon pour Agnès en 1862. Lors d’une visite dans un camp militaire d’officiers européens venus faire la guerre pour le gouvernement de Lincoln, Agnès rencontre un jeune officier de l’aristocratie prussienne, Félix Constantin Zu de Salm-Salm. Le coup de foudre est réciproque entre la jeune artiste de 22 ans et le militaire de 30 ans, originaire de la principauté allemande de Whespalie.

Le 30 août 1862, un mariage secret est célébré dans une église catholique irlandaise de Washington pour éviter les foudres familiales prussiennes. Très vite, Félix et Agnès vont partager une vie aventureuse à travers l’effroyable conflit américain. Devenue une véritable princesse d’Europe, Agnès abandonne sa vie de saltimbanque pour suivre son soldat de mari sur tous les fronts. Si les femmes n’ont pas leur place dans les combats, la jeune princesse décide de s’enrôler comme infirmière dans les services médicaux de l’armée fédérale. Son courage sur les champs de bataille et son dévouement dans les hôpitaux de fortune lui forgeront une nouvelle légende de la «Princesse sans peur».

Une aventurière dans la Révolution mexicaine (1865-1868)

À la fin de cette guerre civile meurtrière en 1865, le général de brigade Félix Zu de Salm-Salm se retrouve sans emploi et surtout sans aventure à vivre avec sa jeune et intrépide princesse. Mais le Mexique voisin est en proie à une Révolution conduite par Juárez contre l’empereur Maximilien. Les deux tourtereaux plongent alors dans cette nouvelle aventure mexicaine, sans vraiment prendre conscience de l’ampleur du conflit révolutionnaire.

Choisissant le mauvais camp, Félix devient aide de camp de Maximilien, mais en avril 1867, les troupes de Juárez assiègent et capturent ce dernier avec l’empereur mexicain, les condamnant à être fusillés. Toujours en amour avec son prince allemand, Agnès va parcourir le Mexique pour rencontrer le nouveau président Juárez, pour négocier la vie de Félix et de Maximilien. Téméraire dans un pays qui est en proie à la guérilla et au pillage, elle réussit à obtenir de Juárez la grâce pour son mari, avec qui elle embarque pour New-York.

 

Une véritable princesse d’Europe (1868-1912)

En 1868, Agnès et Félix quittent l’Amérique pour l’Europe qu’elle ne connaît pas. Ils arrivent dans le château de Schloss Anholt, fief de la principauté des Salm-Salm en Westphalie (Allemagne). Bien accueillie par sa belle famille, Agnès va encore une fois suivre son mari dans la guerre de 1870 entre la France et la Prusse. Cette fois, malgré ses efforts pour rester proche de lui, Félix est tué à la bataille de Gravelotte en France, le 21 août 1870. Félix lui laissera une lettre d’amour posthume pour cette regrettable mort qui les sépare. La belle Agnès ne retournera jamais en Amérique, car elle devient la coqueluche des cours princières européennes. Elle meurt le 12 décembre 1912 à Karlsruhe en Allemagne sans héritier, non sans avoir demandé que ses cendres soient envoyées à Saint-Armand au Québec, voeu qui ne sera jamais exaucé.

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